• Villes mortes ? Pourquoi Paris ferait bien de regarder de près ce qui est arrivé à Bruxelles

     Alors que Bruxelles s'est dotée depuis plusieurs mois d'une immense zone piétonne à l'intérieur de ses murs, le bilan économique de cette mesure laisse à désirer aujourd'hui. Et devrait avertir Paris, qui réfléchit à en faire autant, sur les conséquences à venir.

    Villes mortes ? Pourquoi Paris ferait bien de regarder de près ce qui est arrivé à BruxellesBruxelles, ville déserte

    Depuis qu’elle s’est dotée de la zone piétonne la plus étendue d’Europe, la capitale belge est à l’arrêt. Aujourd’hui, le déclin est tel qu’on peut sérieusement déclarer l'hypercentre en état de mort clinique. Les commerçants, les restaurateurs, les hôteliers exsangues et les riverains excédés ne savent plus vers qui se tourner. Les autorités, imperturbables, ne veulent rien entendre.

    Le déclin en mode Mayeur

    Les boulevards Anspach et Lemonnier, des artères de style haussmannien privées de circulation automobile, accentuent par leur envergure l’image désolante d’une ville dans le coma. A Bruxelles, depuis le 29 juin 2015, c’est  tous les jours dimanche.Tout tourne au ralenti. Les touristes ont fuit. Les fournisseurs aussi. Restent les bobos, à vélo, à pied ou à trottinette. Telle était la volonté du maire socialiste Yvan Mayeur. Surnommé le "non élu" pour s'être hissé au sommet malgré un nombre de voix de préférence ridicule (2 662 très exactement), il doit son ascension à un accord de majorité - que certains auraient imaginé contre nature - avec le MR et son homologue flamand, l’Open VLD

      Villes mortes ? Pourquoi Paris ferait bien de regarder de près ce qui est arrivé à BruxellesLes giboulées de mars s'éternisent sur Bruxelles. La ville fait grise mine. Dans le centre, l’activité commerciale périclite. Les trésoreries se dégradent. Les banques ne suivent pas. Les faillites se succèdent. Après huit mois de zone piétonne, le chiffre d’affaires était en baisse de 30 à 50% selon les secteurs. Après les attentats et la fermeture de plusieurs tunnels qui menacent de s’écrouler faute d'entretien, cette baisse a même atteint 80% chez certains commerçants… Du jamais vu depuis la Seconde Guerre Mondiale ! 

     

    Le mal est pourtant structurel. Le naufrage était prévisible bien avant la célébrité nouvellement acquise d'un Abdeslam ou d'un Abrini. Les racines sont idéologiques. C'est dans le dogmatisme du mythe d'une ville post-moderne émancipée de la voiture et livrée à la "mobilité douce" qu'il faut les rechercher. C'est une véritable croisade prométhéenne contre le réel que le PS et ses alliés "libéraux" sont en train de mener au coeur de l'Europe, avec la bénédiction de la Commission européenne sous influence de lobbies qui part chaque année en campagne lors de la "semaine européenne de la mobilité". Sur le terrain, cette politique est le plus souvent mal pensée si bien qu'elle conduit à l'immobilité. Privée de ressources logistiques, la ville est alors directement touchée dans ses fonctions vitales, tel un organe privé d'oxygène à la suite d'un accident vasculaire.

    Traditionnellement enclines à voter pour les libéraux, les classes moyennes ne s’attendaient certainement pas à une telle trahison de la part de leurs représentants du MR et de l’Open VLD qui ont soutenu avec les socialistes le bannissement de la voiture comme un seul homme. Privés de relais politiques pour plaider leur cause, les commerçants ont fini par mobiliser des moyens d’actions plus directs tels que la pétition ou la campagne d’affichage à l’effigie d’un Mayeur persona non grata pour tenter de se faire entendre.  

    De Bruxelles à Paris, il n'y a qu'un pas 

    L’indésirable bourgmestre a même été mis à la porte du Cécila, un restaurant proche de la Grande Place. Le Chef en personne, Mélanie Englebin, lui a tout simplement signifié "ne pas pour pouvoir cuisiner pour quelqu’un qui coule son affaire". Depuis cet incident, le Cécila est submergé de réservations. Voilà qui donne une petite idée du niveau de détestation dont le maire est l’objet. D’ailleurs, le dernier Conseil communal s’est ouvert sur une foule de commerçants et de riverains en colère rassemblés pour scander "Mayeur démission !".

    Malgré ce signal fort, les autorités ont choisi de camper sur leurs positions et de poursuivre le nez dans le guidon la politique d’éviction de la voiture. Pire, elles comptent renchérir et remplir le grand vide des boulevards déserts par un parcours d’œuvres d’art, contemporaines et forcément très coûteuses. C’est le syndrome du petit rond-point de province surmonté d’une pièce produite par un artiste local. Pour sa capitale, Mayeur flatte son égo XXL en faisant appel à une sommité mondiale de l’art hautement subventionnée, Anish Kapoor, rien de moins. Et dire qu’il n’y aura aucune voiture pour tourner autour de l’œuvre de ce pape du Financial Art… Pas de marché public non plus, les prestations artistiques échappant à la règle. Qui sait, avec une telle marge, d'ici Noël, Bruxelles pourrait s'équiper d'un plug en guise de sapin...

    Alors que les Bruxellois n’ont pas fini de mesurer l’étendue du désastre d’une ville qui piétine, le ministre régional des Travaux publics, Pascal Smet, semble vouloir porter le coup de grâce en amenant sa propre couche institutionnelle de dépenses. Celles-ci serviront à "piétonniser" la chaussée d’Ixelles, un autre axe commercial névralgique de la capitale. Ensuite, comme il tient à marquer le paysage et les esprits, il a aussi engagé 42 millions d’euros dans le réaménagement de la place Rogier qui sera dotée d’un auvent géant dont le montant à lui seul dépasse 7 millions. On espère pour lui que l’ouvrage, à l’image de la Canopée des Halles, sera lui aussi visible de l’espace. Sinon, à quoi servirait-il ?

    Reçu en grande pompe par son homologue parisienne Anne Hidalgo à l'Hôtel de ville de Paris une semaine après les attentats de Bruxelles, Yvan Mayeur aura certainement vanté les mérites de sa politique de mobilité suicidaire en se gardant bien d’évoquer l’irréversible processus de nécrose urbaine qu’elle a engendré. Or, à partir du 8 mai, c'est au tour des Champs Elysées d'être transformés en espace piétonnier un jour par mois. Paris qui met ainsi un doigt dans l'engrenage a certainement beaucoup à apprendre du calvaire des Bruxellois…


    Source :  http://www.atlantico.fr/decryptage/villes-mortes-pourquoi-paris-ferait-bien-regarder-pres-qui-est-arrive-bruxelles-en-etendant-zones-pietonnes-dominique-dumont-2682060.html#ow5jBJ6fwoZ3dB3C.01
     

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