• Le policier bloque le cycliste avec son combi: altercation ubuesque sur un carrefour de Bruxelles + vidéo

    Un policier énervé par la remarque d’un cycliste a ensuite brûlé un feu rouge pour barrer la route au deux-roues avec son combi. S’ensuit une engueulade ubuesque, gratinée à la mauvaise foi. Le cycliste n’a pas porté plainte. Mais sa vidéo qui buzze sur YouTube vaut tous les réquisitoires.

    Le policier bloque le cycliste avec son combi: altercation ubuesque sur un carrefour de Bruxelles + vidéo

    L’incident se déroule en février au carrefour de la Chasse, à Etterbeek. Guillaume, 31 ans, aimerait prendre sa place dans le sas vélo au feu rouge. Il s’agit de cette petite «boîte» peinte au sol qui permet au cycliste de dépasser la file de véhicules bloqués au rouge pour choisir en toute sécurité la direction à prendre une fois le feu au vert. Mais ce jour-là, un fourgon de police de la zone Montgomery l’en empêche en campant dans le sas. Le cycliste, en selle depuis 7 ans dans les rues de Bruxelles, décide de rappeler l’existence du dispositif de marquage au policier. Le conducteur en bleu refuse de reconnaître son tort. Il estime que «la ligne blanche a disparu».

    Guillaume n’insiste pas: il remonte sur son vélo et passe le feu (au rouge) de la chaussée de Wavre vers la rue des Champs, comme le panneau «tourne à droite cycliste» le lui permet à cet endroit. Ce signal routier a pris cours en 2012 dans les rues de la capitale. Mal lui en a pris: le policier redémarre et surgit pour lui barrer la route d’un brusque coup de volant. Une manœuvre dangereuse qui aurait pu se terminer plus mal.

    «Ce n’est plus valable, Monsieur!»

    S’ensuit une altercation ubuesque entre le cycliste et le policier, où le premier apprend au deuxième l’existence du panneau pourtant devenu obligatoire à Bruxelles. Refusant de rendre les armes, le policier revient sur le sas vélo qu’il affirme effacé et reproche au cycliste de s’être permis de lui faire une remarque. «Ce n’est plus valable, Monsieur», aboie-t-il.

    Ce que l’agent ignore, c’est que Guillaume filme la scène avec une caméra attachée sur son vélo. Les images ont été transmises à la police de la zone Montgomery mais aucune plainte n’a été introduite suite à plusieurs expériences décourageantes pour Guillaume (lire ci-dessous). Cependant, le jeune Schaerbeekoisa obtenu l’aide du Gracq dans cet imbroglio. Après mûre réflexion, le cycliste a également décidé de poster l’incident sur YouTube «pour faire réfléchir». Et depuis ce 11 novembre, la vidéo explose: elle a été vue plus de 250.000 fois grâce au relais de Cinquante Euro, un YouTubeur français de Rouen, activiste du vélo très suivi sur les réseaux sociaux.

    «J’ai davantage peur de me faire agresser que renverser»

    Guillaume, pourquoi filmiez-vous votre déplacement à vélo lors de cette altercation?

    Suite à des agressions survenues après des incidents de circulation. D’abord, un automobiliste en tort s’était déchaîné sur moi et avait démoli mon vélo à coups de pied. J’avais porté plainte mais à l’époque, sans image, ça n’a pas été plus loin. La seconde fois, un type m’a frappé et a écrasé mon vélo. Comme j’avais filmé cette fois-là, j’ai à nouveau porté plainte mais on m’a rétorqué qu’il n’y avait pas assez de preuve. je me demande ce qui est plus parlant qu’une vidéo comme preuve...

    Dans ce cas-ci, on risque de vous reprocher d’avoir quelque peu «provoqué» le policier en lui ayant rappelé le code de la route...

    Je l’ai fait de manière polie, sans être méprisant ou agressif. Il était de mauvaise foi: il savait très bien qu’il y avait là un sas vélo. Les policiers connaissent quand même leurs secteurs. Et ensuite il m’a foncé dessus. Dans la discussion qui a suivi, il m’a même avoué sa haine des cyclistes.

    Comment l’a-t-il justifiée?

    Il assure que «les cyclistes ne respectent rien». C’est pour ça qu’il m’a percuté selon lui: «parce que sinon, vous auriez fui par les trottoirs». Mais moi, ça me fait autant ch... de voir un policier dans le sas vélo qu’un cycliste sur les trottoirs. Parce que ça nuit à l’image des cyclistes.

    Le panneau «tourne à droite», objet du litige, semble être important pour vous.

    Il est assez récent et permet aux cyclistes de gagner beaucoup de temps. Il permet aussi aux cyclistes de ne plus brûler de feux, qui sont d’abord là pour réguler les voitures. Le panneau reste cependant mal connu. Il mène les automobilistes à klaxonner pour rien. Je me souviens d’un reportage de la RTBF sur les infractions commises par les cyclistes qui commençait d’ailleurs par montrer 4 vélos «brûlant» un feu rouge grâce au panneau. «Ils commettent l’irréparable», disait le commentaire...

    Malgré ces arguments, vous avez hésité plusieurs mois avant de publier les faits en juillet: pourquoi avez-vous finalement posté les images?

    L’objectif, c’est d’abord de permettre aux autres usagers de la route de se rendre compte de ce que c’est que de rouler à vélo dans Bruxelles. Des réactions comme celles de ce policier, on en vit tous les jours, en bien pire.

    Le code de la route est-il adapté au cycliste urbain?

    C’est impossible de respecter à 100% le code de la route à vélo. Par exemple, une piste cyclable va se terminer brusquement et on va se retrouver dans un sens unique. La largeur de la chaussée ne permet pas de nous tenir à 1m de la circulation et à 1m des stationnements... Tout est mal pensé.

    La Chasse, c’est un carrefour dangereux pour les cyclistes?

    Pas autant que Meiser...

    Vous vous sentez en danger à Bruxelles?

    J’ai davantage peur de me faire agresser que de me faire renverser. Il y a une haine du cycliste! Un jour, un chauffeur de bus en dehors de son service m’a percuté avec son rétroviseur. Exprès. Ensuite, le mec est sorti de sa voiture pour me pousser. Les gens sont très agressifs.

    «C’est un carrefour très complexe»

    Vincent De Wolf, en tant que Bourgmestre d’Etterbeek (MR), vous êtes Président permanent du collège de discipline de la zone de police Montgomery, qui réunit votre commune et les deux Woluwe. Que pouvez-vous dire de cette altercation?

    Que l’enquête est en cours. Je ne peux pas préjuger de son résultat. Je n’ai pas d’opinion et si j’en avais une, je ne pourrais pas vous la donner vu ma fonction. Les images de la capsule vidéo sont-elles suffisantes pour se prononcer? Il faut en tout cas tenir compte du contexte. On prendra une attitude en fonction de l’enquête interne. Si on décide de poursuivre, les protagonistes seront entendus.

    Quid de la situation sur place? L’effacement des lignes blanches semble avoir causé l’altercation...

    Je ne suis pas encore allé voir sur place. Mais je dois d’emblée préciser que tout le carrefour de la Chasse comme la chaussée de Wavre sont des voiries régionales. Leur entretien incombe donc à la Région et si le marquage s’efface, c’est la Région qui en est responsable.

    En tant que Bourgmestre, jugez-vous l’aménagement du carrefour de la Chasse suffisamment sûr pour un usage harmonieux par tous les usagers?

    C’est un carrefour très difficile avec de nombreuses entrées, des trams, des bus, des piétons, des automobilistes et des cyclistes. Et c’est dangereux. Dernièrement, une dame est tombée de l’embarcadère de trams et a été écrasée par un camion: elle est morte sur le coup. J’ai déjà essayé de voir si un changement des séquences de feux de circulation était jouable en raison du faible temps laissé aux piétons mais dès qu’on bouge une pièce, tout le reste du puzzle bouge. Un audit est cependant en cours et des recommandations sont prévues pour y améliorer la sécurité des cyclistes.

    VIDEO :

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=143&v=BwSWP0Id0Xc

    Source : http://www.lavenir.net/cnt/dmf20171113_01084188/le-policier-bloque-le-cycliste-avec-son-combi-altercation-ubuesque-sur-un-carrefour-de-bruxelles

     


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